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Vengeuses Masquées - Le Blog
13 juin 2014

Derrière le voile


Cela fait très longtemps que ce texte traîne dans le joyeux foutoir de mes pensées. Ma foi puisque je suis disposée à vous en faire part là, maintenant, le voici.

C'est juste une histoire parmi tant d'autres, intéressante ou non selon les sensibilités, banal ou pas selon les personnes que l'on a l'habitude de côtoyer.


Il y'a à peu près deux ans, j'ai inscrit ma fille à la garderie, deux après-midi par semaine, histoire de prendre du temps pour moi. Elle était fille unique à l'époque. Toutes les demarches étant faites, je suis allée, toute impatience et anxieuse que j'étais, l'y déposer pour la première fois.

Là, dans le hall de la garderie, juste devant moi, parmi le brouhaha des parents déposant leurs bambins, une femme avait attiré mon attention. Elle était voilée, intégralement, elle portait le «niqab» si je puis dire. Physiquement, je ne peux surtout la décrire qu'ainsi pour le coup. Ah si, elle avait une taille moyenne, corpulence normale, mais quelle importance ? Elle avait trois enfants en bas âge, des jumeaux d'à peu près 18 mois alors, et une petite dernière encore bébé, tout trois très rapprochés visiblement. Elle avait aussi une imposante poussette double près d'elle.

En fait, naturellement, elle attirait tout les regards.

Il n'y a pas eu de premier échange entre nous de suite, elle était plutôt introvertie - du moins le pensais-je - dans un premier temps. Elle murmurait parfois un petit bonjour lorsqu'elle croisait une maman qui lui en donnait l'envie, tel un chuchotement, et son voile faisait l'effet d'une cape au rythme de ses pas très rapides lorsqu'elle s'en allait et venait, souvent pressée. Elle était plus expensive avec le personnel de la garderie, mais toujours avec pudeur et retenue.

Et puis ma foi, à force de se croiser les mêmes jours, avec nos bambins, on a fini par discuter, timidement au début.

Rien de transcendant dans nos discussions en fait. En somme, le quotidien, son mari ouvrier absent la journée et passant ses soirées dans leur chambre devant la télé, la laissant elle et ses gosses surexcités le soir. Ses trois enfants rapprochés qui font passer ses humeurs par tout les états possibles et imaginables. Une palette d'émotions. Peu de discussion sur la famille ou les amis, les goûts, juste les gosses. Un besoin de parler de notre quotidien de mères enfermées dans une prison dorée.


Une femme comme les autres.

Unique comme nous toutes.


De ce voile séparant son visage du mien, seuls ses yeux marrons m'étaient visibles. N'empêche, avec l'habitude, ce voile était comme un mirage. Ma vue se brouillait peut-être.

Et puis quelques questionnements de ma part, notamment sur sa raison de porter le niqab, si c'est son choix à elle ou celui de son mari. Si elle n'a pas parfois envie d'ôter le voile à l'extérieur. Si elle ne souffre pas du regard incessant des gens que j'ai pu observer par moi-même lorsque nous faisions notre petit bout de chemin ensemble avant la de-croisée des chemins du retour.

Mais ces questionnements resteront uniquement dans mes pensées. J'avais - à tord ou à raison - le sentiment de violer son intimité si j'osais les lui poser. Comme si je demandais à quelqu'un de se déshabiller en somme.

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Et puis un soir, à 17h, je m'en vais récupérer ma fille. Et.

Elle n'avait plus le niqab. Juste le voile couvrant les cheveux et le corps, le hijab. J'ai vu son visage pour la première fois. Pas de discours transcendant sur ce que j'ai pu ressentir à ce moment là. Il n'a pas lieu d'être pour moi, car j'ai simplement ressenti une grosse surprise. C'est tout. Depuis je n'ai pas eu l'occasion de lui poser mes fameuses questions. Je lui ai même pas demandé pourquoi elle n'avait plus le niqab. Elle m'a souri, interpellé et on a discuté. De nous et de nos gosses. Comme d'habitude.

Ce voile était en fait un mirage. Car rien n'a changé.


Peu de temps après, j'ai trouvé un petit boulot, et ma fille a été gardée par ma mère. Je l'ai par la suite recroisée trois ou quatre fois en ville ou dans le métro, toujours avec le hijab. On se dit bonjour, on prends des nouvelles de nous et de nos enfants, c'est tout. Tout cela dans la sympathie, réelle et sincère.

Je ne sais même pas si je peux la considérer comme «une amie». Si un jour en se croisant, on se contentera juste de se sourire sans un mot.

En réalité, peu m'importe, je ne me questionne pas sur la suite.


La vie suis son cours, tout simplement.


F

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